Le spinosad, matière active homologuée au cahier des charges européen de l'AB, fait débat depuis son apparition il y a presque 10 ans.
Dans la période à risque concernant la mouche mineuse du poireau (spinosad non homologué sur cet usage !!), le débat a été relancé dans le dernier bulletin participatif.
Annemasse: Il faut arrêter avec Spinosad, n'a rien de bio comme produit, dangereux, absolument pas sélectif, un produit de chimistes ! Les filets marchent très bien ou alors la pédagogie auprès de ses clients qui après explications ne rechignent pas à acheter même avec quelques aléas uniquement esthétiques, jamais vu encore mais cette année, énormément altises sur betteraves...feuilles grises
Ce sujet est donc créer pour que chacun de s'exprimer librement, le débat est ouvert !Voironnais: Début traitement spinosad sur poireaux (on est de petits chimistes ) ps : tu peux lancer un débat sur le forum de l'Ababio ça permettra de confronter les points de vue)
Mais en attendant, petit rappel sur le spinosad (sources Catherine Mazzolier - GRAB, Yannie Trottin - CTIFL, divers travaux de l'ADABio):
Origine et composition:
Le Spinosad est une matière active d’origine naturelle. C’est un produit fermenté dérivé du mélange de deux toxines (Spinosyn A et D) sécrétées par une bactérie vivant dans le sol, le Saccharopolyspora spinosa.
Homologation:
- Présent sur la liste positive des substances utilisables en agriculture biologique (CF sur le guide des intrants INAO-ITAB)
- En France, plusieurs formulations commerciales contenant la matière active spinosad disposent d'une AMM (Success 4, Musdo 4, Roadster...). Ces produits sont homologués sur plusieurs usages en maraîchage: thrips sur poireau/oignon/fraise/tomate/poivron, doryphores sur pomme de terre, chenilles phytophages sur tomate/poivron/choux/haricot PC ... (CF. Principaux Usages homologués en France en 2016 (site E-Phy))
Mode d'action et efficacité sur les ravageurs:
Le spinosad est un neurotoxique, actif par ingestion et par contact. Il n’est pas systémique mais peut pénétrer dans les feuilles (produit translaminaire). Sa persistance d’action est de 1 à 2 semaines. Les symptômes sont rapides : l’insecte est paralysé et arrête de s’alimenter, puis meurt rapidement. Le stade le plus sensible est le stade larvaire, mais le spinosad peut également agir, selon les espèces, sur les adultes (thrips et mouches) ou sur les oeufs (tordeuse de la vigne).
De nombreux essais ont été réalisé et montrent une efficacité du spinosad sur chenilles, thrips, mouches et doryphore.
Il est cependant inefficace contre acariens, pucerons et aleurodes...
Toxicité du spinosad vis à vis des auxiliaires:
Il est toxique pour les micro-hymènoptères parasitoïdes et pour les pollinisateurs (abeilles et bourdons), les taux de mortalité sont de 50% à 75 % sur les adultes et de 25% à 50 % sur les larves.
Il est un peu moins toxiques sur les mirides (punaises prédatrices type macrolophus) à hauteur de 25% à 50 %. Cependant, il est montré que la persistance de l'action serait de plus de 4 semaines après application sur ces punaises.
Il est peu toxiques sur les autres espèces d'auxiliaires <25%.
Par ailleurs, des essais réalisés en 2010-2011 à l'ADABio sur les effet non-intentionnels des traitements contre la mouche du brou (noix), ont montré une incidence négative sur la faune auxiliaires: carabes, orius, anthocoris, et acariens prédateurs.
Rémanence et résistance:
Il est indiqué que le spinosad met entre 25 jours et 70 jours à ce dégrader dans les sols, mais en revanche il est peu lessivable puisqu'il est capter en grande quantité par les particules du sol. (site sage pesticides)
On observe de plus en plus des phénomènes de résistances il faut pour cela bien veiller à ne pas dépasser le nombre d'applications autorisées (2 max).
Ces phénomènes ont été observés sur Tuta absoluta et une Drosophile (CF. Chabane et al, Insecticides, 2012)
Alternatives à l'utilisation du Spinosad:
Elles sont nombreuses, mais pas toujours efficace selon les cibles et pas toujours facile à mettre en place selon les contextes et parfois plus coûteuses...
Contre les chenilles phytophages (noctuelles, piérides, teignes):
- utilisation de Bacillus T. (Dipel/Delfin)- pour améliorer son efficacité il faut intervenir sur des stades jeunes (donc bien connaître le cycle et observer ses cultures), il est préférable aussi de traiter en fin de journée et enfin il est possible de rajouter du sucre pour améliorer l’appétence du produits.
- Filets (filet anti-insectes ou filet climatique) - posé de manière hermétique aux bonnes périodes (piéride et teigne avant fin juillet)
Contre les thrips:
- Filets anti-thrips maille de 800 µm (posé par exemple sur pépinière de poireau)
- Bassinage des cultures (le thrips se développe en condition chaudes et sèches)
- favoriser ou lâcher des auxiliaires (aeolothrpis, orius)
Contre les doryphores:
- utilisation de Bacillus T. (Novodor)- pour améliorer son efficacité il faut intervenir uniquement sur les larves au stades jeunes (donc bien connaître le cycle et observer ses cultures), il est préférable aussi de traiter en fin de journée et enfin il est possible de rajouter du sucre pour améliorer l’appétence du produits.
Contre mouche mineuse du poireau:
- Filets (filet anti-insectes ou filet climatique) - posé de manière hermétique pas nécessairement sur arceaux dès le début du vol (début septembre)
- Faucher les poireaux 15 à 20 cm au dessus du cornet, une première fois pendant le pic de vol (possiblement semaines 40 – 41), une seconde fois en fin de vol (possiblement semaine 44).