Le chaulage et les carbonates

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Céline M ADABio
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Le chaulage et les carbonates

Message par Céline M ADABio » 18 août 2014, 15:29

Faut-il dissocier le chaulage des apports de matières orga?


Tout dépend de l'ordre dans lequel les apports sont faits !

En effet chauler sur de la matière organique entraine des pertes d'azote par volatilisation et peut perturber sa décomposition.

La règle est donc :
- d'apporter D'ABORD le carbonate de calcium, puis ensuite la matière organique quelques jours plus tard.
- si jamais vous avez déjà apporté de la matière organique sur la parcelle, il faut dans ce cas attendre au minimum 3 semaines avant d'épandre le carbonate de calcium.

David Stephany
Martin ADABio

Re: Le chaulage et les carbonates

Message par Martin ADABio » 08 déc. 2015, 17:36

"Bonjour
Je veux te demander conseil par rapport à la réalisation d'un chaulage grossier.(6 t/ha)
J'ai fais des tests avec de l'acide sulfurique et il y a des parcelles qui ne réagissent pas et d'autres qui explosent.
Je veux donc savoir si je peux épandre sur tout type de culture (prairie céréale) et à quel moment le faire (stade végétatif ou saison).
Est ce qu'un un épandeur à engrais à disque classique peut faire l'affaire ?
Merci pour ta réponse.
Cordialement Fabien"

Il faut donc apporter des carbonates sur les terres où la terre ne réagit pas à l'acide sulfurique. Il faut juste faire attention à une chose lors du test, échantillon doit être légèrement humide. Sur des échantillons secs on a une réaction du à l'infiltration de l'acide dans les fissures.
Les carbonates peuvent être apportés indifféremment sur prairies ou les céréales, mais sur céréales au printemps 6t/ha ça les recouvre trop. Pour le stade végétatif il n'y a pas trop d'importance autrement.
La période idéale d'apport sur prairie est le printemps quand le sol le réchauffe. De plus la partie fine des carbonates 0-4mm permettra de neutraliser l'acidité crée par les plantes qui poussent très vite à cette période, et d'augmenter ainsi le rendement. Il faut éviter l'hiver car les carbonates fins sont très solubles lorsqu'il fait froid et donc plus lessivables. Pour les céréales on peut faire un apport après récolte juste avant d'implanter un couvert par exemple.

Pour le semoir à engrais à disque, cela fonctionne avec du 0-4 (essayer tout de même avec une petite quantité au préalable mais ça a toujours marché jusque là), mais l'apport est assez long. Vous pouvez vous faire livrer en camion chez vous ou à proximité des champs pour limiter les temps de trajet.



Voici l'article de la prochaine Luciole qui traite des carbonates :

Chauler avec des carbonates de calcium grossiers

Les cultures et le lessivage prélèvent régulièrement une partie du calcium disponible des sols. Si cette exportation n’est pas compensée par la fourniture géologique (cas des sols non carbonatés ou acides), il faut chauler. L’objectif du chaulage n’est pas de relever le pH du sol mais d’assurer une fourniture de calcium facilement mobilisable pour assurer la stabilité de la structure du sol et d’améliorer l’activité des microbes du sol. En agriculture biologique, le chaulage se fait à l'aide de carbonates de calcium broyés (CaCO3) moins agressifs pour la vie du sol que la chaux (CaO), dont l’utilisation est d’ailleurs interdite. Il existe plusieurs types de carbonates qui se différencient à la fois par leur composition (rapport Ca/Mg) et leur finesse de broyage.

Comment savoir si je dois ou non chauler mon terrain ?
Prélever un échantillon de sol en surface, il doit ne doit pas être complètement sec. Verser quelques gouttes d’acide sulfurique, à 16% (diluer dans l'eau l'acide sulfurique du commerce, qui est souvent à 32%).
Tout sol qui ne réagit pas (pas d’effervescence ni visible ni audible à l’oreille) doit impérativement être chaulé.
Si la réaction à l’acide est juste audible et non visible, un chaulage d’entretien est nécessaire uniquement pour les cultures exigeantes comme la luzerne.
Si la réaction est forte (effervescence et crépitement) il n’est pas nécessaire de chauler.

Les carbonates en poudre (tamis 300)
Les carbonates broyés fins en poudre libèrent rapidement leur calcium. Cela leur donne une action plus rapide mais aussi des propriétés plus agressives vis-à-vis du sol, et ils sont plus lessivables. Il faut donc les apporter en faibles quantités. En moyenne, on prévoit un apport de 600 kg/ha/an. Pour ajuster les apports il faut tenir compte du coefficient de fixation du sol (le CF, évalué par la méthode Hérody). Il reflète la capacité du sol à retenir les éléments minéraux, et aide à déterminer  les quantités  minimales et maximales des apports ainsi que leur fréquence pour s'assurer d'une dose efficace sans qu'il n'y ait de lessivage. On compte 400 kg de carbonates en poudre /ha/an pour les sols légers et/ou à faible coefficient de fixation (CF<1) et jusqu’à 1 t/ha/an pour les sols lourds à fort coefficient de fixation (CF>3). L’apport doit se faire une fois par an, hors des périodes fin d’automne et hiver où une partie de l’apport sera lessivé sans pouvoir être valorisé par la plante (le calcaire est plus soluble dans l’eau froide et il est donc davantage lessivé à ces périodes).
Cette forme poudre est à privilégier dans le cas d’un sol qui fonctionne mal, quand l’activité microbienne est très ralentie (présence de débris de végétaux non décomposés). Si on est en présence d’un sol avec de l’humus faiblement actif, il peut être justifié d’utiliser des carbonates encore plus solubles comme le lithotamne ou des poudres très fines (solubilité carbonique > 80%) mais on ne doit surtout pas dépasser les doses indiquées ci-dessus.

Les carbonates grossiers (0-4 mm)
Pour limiter le nombre de passages sur vos champs mais aussi pour laisser au sol le pilotage de ses besoins, Yves HERODY préconise l'utilisation de carbonates de calcium grossiers. Ces carbonates sont issus du broyage et tamisage de roches calcaires avec un tamis de 4 mm ce qui donne un produit ayant toutes les granulométries, de la poudre aux gravillons ayant un diamètre d’au plus 4 mm. Ce produit est appelé par les caristes : 0-4 mm. Avec du grossier, les apports sont plus importants : 4 à 10 t, mais se font tous les 5/6 ans. L'approvisionnement en carbonates de calcium se fait généralement en direct auprès des carrières qui exploitent des roches calcaires.
La dissolution du carbonate de calcium de cet amendement est plus progressive ce qui perturbe moins la vie du sol. La libération du calcium dépendra du climat et de l'intensité de l'activité biologique. Plus l'activité est intense, plus elle produit des acides qui vont attaquer les carbonates. Si ces carbonates grossiers ont un intérêt agronomique, ils ont également un intérêt économique : ils sont vendus environ 15€/t en carrière.


Faut-il dissocier le chaulage des apports de matières organiques ?
Chauler sur de la matière organique entraîne des pertes d’azote par volatilisation et peut perturber sa décomposition. Il faut donc :
- chauler d’abord puis apporter la matière organique quelques jours plus tard
- ou apporter la matière organique mais attendre 3 semaines minimum avant de chauler.
Ces recommandations ne sont valables que pour des carbonates broyés.

L’épandage des carbonates grossiers
Sur des petites surfaces comme en maraichage, l'utilisation d'un épandeur à engrais peut suffire en veillant à ne pas faire de trop gros chargement pour éviter les bourrages. En grandes cultures, sur des surfaces plus importantes, cette solution est difficilement envisageable. Une solution facilement envisageable est l’épandeur à fumier avec un épandeur à plateau.

Marc DESBOIS et Philippe JEANNIN, éleveurs au GAEC de Cize (01) :
Le GAEC de Cize (01) en partenariat avec la CUMA de Servas Lent a fait des essais d'épandage de 4 t/ha de carbonates sur 25 ha avec un épandeur à plateau. L’essai fut concluant : il a permis un épandage à la fois rapide (5 ha/heure) et avec une répartition bien homogène du produit. Le chargement s'est fait directement à la carrière Fontenat d'Hautecourt située à 500 m du GAEC à raison de 10t/chargement. Il fallait environ 30 min pour vider chaque épandeur. Le coût de l’opération a été de 15€HT/t pour l’achat de carbonates, et de 8€HT/t pour l’épandage.
« Avant de chauler, nous avons fait un test à l'acide sur nos terres pour définir celles qui en avaient besoin notamment les bas de pente décarbonatées. La proximité de la carrière Fontenat était intéressante, et l'équipe de la carrière est disponible : on n'a jamais l'impression de les déranger, c'est précieux ! Nous avons commandé 100 t de carbonates grossiers de Val d'Epy qui ont été stockés à Hautecourt. Pour l’épandage notre CUMA nous a conseillé d'essayer un épandeur à plateau. Ça donne de bons résultats à la fois dans la qualité de l'épandage mais aussi dans sa rapidité. »

Jean Philippe CLAIR, éleveur à la SCEA Clair Mathyn (01) :

« Cela fait 3 ans que j’apporte des carbonates grossiers sur mes sols. J’en apporte 4 à 5T/ha, sur 1/5 de ma surface, de manière à couvrir toute la ferme en 5ans. Nous sommes en présence de sols à tendance acide, il faut donc que j’apporte des carbonates pour compenser les pertes de calcium et éviter au pH de baisser. Cette année j’ai fait livrer 87t de carbonates grossiers à la ferme. Je les ai faites épandre par la CUMA de Saint André sur Vieux Jonc (01), avec un épandeur à plateau. Nous avons limité le chargement à 8t/épandeur sinon le risque était de bloquer le tapis. Cet épandeur avait un tapis hydraulique ce qui assurait une bonne homogénéité à l’épandage. Par contre il est difficile de régler précisément la quantité épandue, on est à 1t/ha près, mais ce n’est pas un problème avec des carbonates grossiers. Le chantier avance vite, les 87t on été épandues en une demi-journée. Il est difficile d’en mesurer clairement l’effet sur les rendements, il aurait fallu en épandre sur la moitié d’une parcelle pour comparer mais je ne l’ai pas fait. Il me semble tout de même que dans les terrains humides la structure du sol est meilleure, mais cela peut venir d’autres paramètres. »
Avec la livraison, les carbonates ont coûté 21€/t, et l’épandage a coûté 650€ soit 36€/ha mais c’était une prestation avec un chauffeur. Cela revient à 130€/ha tous les 5ans soit 26€/ha/an.
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