Point sur la Filière lait Bio dans la région

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Nicolas ADABio

Point sur la Filière lait Bio dans la région

Message par Nicolas ADABio » 01 mars 2018, 18:09

Vous trouverez ci-dessous le bulletin d'informations du projet Bio&Eau Bourbre (Du Lien) avec une synthèse de la journée filière lait bio organisée le 18/12/2017 par la Chambre d'agriculture de l'Isère en partenariat avec l'ADABio : retour sur la journée ; description des projets de collecte de lait bio de Biolait, Sodiaal et Etoile du Vercors ; témoignage de la Ferme de la Cassole :
Du-Lien_N40_Janv-2018.pdf
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Luna ADABIO
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Soirée Débat Lait à la Tour du Pin, le Mercredi 6 mars 2019

Message par Luna ADABIO » 15 mars 2019, 13:49

Soirée Débat Lait à la Tour du Pin, le Mercredi 6 mars 2019

Mercredi 6 mars, l’ADABio a proposé une soirée durant laquelle les opérateurs, les producteurs et leurs différents partenaires ont échangé sur la filière laitière biologique.
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Plus d’une quarantaine de participants ont débattu autour des résultats d’une étude réalisée dans le cadre du programme RESILAIT (http://www.itab.asso.fr/programmes/resilait.php), à laquelle le Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Ile et Vilaine (Agribio35) était associée. David Roy, coordinateur technique à Agribio35, a présenté l’évolution des filières laitières biologiques des principaux pays producteurs de lait européens, ainsi que les dynamiques de consommation et conversion françaises. Cette approche comparative a permis aux participants d’échanger sur les différentes formes d’organisation, stratégies et perspectives des filières laitières bio, mais aussi sur les différentes visions et approches de l’agriculture biologique et du bien-être animal selon les pays.

Diaporama présenté lors de la soirée : L’Allemagne est le premier producteur européen de lait bio. Le consommateur allemand ne connaît pas l’eurofeuille comme logo de l’AB et c’est 94% du lait bio allemand qui est commercialisé via des marques privées. Les cahiers des charges y sont plus restrictifs, notamment en matière de bien-être animal et de limitation de chargement. 40 laiteries allemandes collectent du lait bio, dont 13 exclusivement. Aujourd’hui, chaque produit conventionnel a trouvé son équivalent en AB. La ferme moyenne allemande compte 64 ha et 43 VL (6000 L/VL/an) avec une forte disparité de profils entre régions. La dynamique de conversion qui était forte est récemment freinée par la politique de méthanisation. De plus, elle reste dépendante, comme en France, du prix du lait conventionnel. Ainsi, pour répondre à la demande croissante, le pays importe le tiers des produits consommés, principalement du Danemark et d’Autriche. La filière est confiante sur la croissance de la demande et les conversions continuent d’être accompagnées.

Au Danemark, un seul opérateur, Arla, collecte 72% de la production de lait bio (et 100% du lait conventionnel). La taille moyenne des exploitations est de 198 ha pour 170 VL (9200 L/VL). L’endettement est très important avec 3,5 millions d’€ en moyenne par ferme, avec une part non négligeable du capital empruntée à Arla. Comme dans beaucoup de pays du Nord de l’Europe, les normes sont durcies par rapport au cahier des charges européen, en particulier sur le bien-être animal ou la limitation des traitements vétérinaires. 50% de la production est exportée, sous forme de beurre, de lait cru, de fromages (Allemagne) et de poudre de lait infantile (Chine). Le pays semble arriver à un palier de production de lait bio. En effet, selon Arla, les fermes ayant eu la possibilité de se convertir l’ont déjà fait.

En Autriche, toutes les laiteries collectent du lait bio. Près de 90% des fermes sont en zone de montagne. 80% des producteurs sont double actifs sur des structures de 22 ha et 16 VL en moyenne (6200L/VL/an). Les conversions ont été fortement accompagnées par un programme agro-environnemental efficace, mais le prix du lait bio reste proche du conventionnel. Au-delà du bio, la filière valorise l’image de l’alimentation à l’herbe et en montagne, et elle mise sur la transformation en fromages.

En France, et en région AURA, la dynamique de conversion a été importante ces trois dernières années, suite à la fin des quotas dans un contexte de crise, notamment chez la plupart des collecteurs et transformateurs présents lors de cette soirée : Biolait, Sodiaal, la coopérative de Yenne (73), la Fromagerie Schmidhauser (74), la Fromagerie Chabert (74).

Biolait (avec une centaine de clients sur 70 départements français) a augmenté fortement sa production, qui est passée de 180 à 300 millions en 4 ans. L’absorption de ce nouveau litrage rend le contexte un peu tendu, en 2019, avec le choix actuel de ne pas relancer les exportations, comme elles existaient il y a quelques années. L’objectif est de revenir en 2020 à un équilibre consommation/production. Au-delà de 2021, si la hausse de la consommation se poursuit comme ses dernières années, il semble que l’offre sera déficitaire.
Chez Sodiaal, les dernières conversions permettraient de fournir les unités de transformation locales : lait UHT à Vienne (38), poudre Regilait à Saint Martin Belle Roche (71). Au-delà de 2019, le collecteur reste prudent, et suspend ses soutiens à la conversion. Une partie de la production est exportée (Allemagne, Chine).

Dans des outils de collecte et de transformation fromagère à envergure plus locale, comme la coopérative de Yenne, la Fromagerie Schmidhauser ou la Fromagerie Chabert, les collectes de lait bio ont été initiées par des producteurs. Les stratégies de valorisation sont variables en fonction des structures : produits conventionnels déclinés en bio ou nouvelle gamme de fromages. La coopérative de Yenne exporte 30% de sa production en Allemagne, avec un potentiel de développement qui reste fort. Schmidhauser, qui collecte sur les départements savoyards, commercialise essentiellement ses fromages en magasins spécialisés. Le transformateur continue d’inciter au passage en bio en proposant une plus-value de 150 €/1000L.

De cette soirée est ressortie une certaine confiance des opérateurs à moyen terme. Les transformateurs locaux restent en attente forte de nouveaux producteurs, avec une valeur ajoutée importante. Biolait imagine une demande supérieure à la collecte à partir de 2021. Des problématiques ont cependant été mises en lumière. Evoqué par les producteurs présents, le retard de paiement des aides affecte les trésoreries et freine certainement des conversions. Certains s’inquiètent également du manque d’attractivité du métier d’éleveur laitier qui pose la question de la transmission des fermes, même dans des systèmes bios reconnus pourtant comme viables et résilients. Ces domaines resteront des enjeux forts à travailler, notamment au sein du réseau des Groupements d’Agriculteurs Biologiques.
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